Le ‘Canard Enchaîné’ a-t-il réellement accusé Sonko de recevoir de l’argent du Qatar ?
Le ‘Canard Enchaîné’ a-t-il réellement accusé Sonko de recevoir de l’argent du Qatar ?
Le 7 juin 2023, le journal français ‘Le Canard Enchaîné’ publie un article qui allait bientôt alimenter un débat politique sénégalais intense. Les accusations portées contre Ousmane Sonko, ex-leader de Pastef, sont graves : il aurait accepté plusieurs milliards de francs CFA du Qatar, en contrepartie de promesses de renégociation des contrats énergétiques liés aux découvertes de gaz et de pétrole au Sénégal, s’il devenait président.
L’affaire prend une ampleur notable lorsque le journaliste Madiambal Diagne demande une enquête, non pas à l’État du Sénégal, mais à la société civile. Cette demande est réitérée par un autre journaliste influent, Cheikh Yérim Seck, lors d’une intervention télévisée hier soir le 4 décembres 2023 sur 7TV. Seck pointe du doigt des membres de la société civile, tels que Birahime Seck (Forum Civile) et Alioune Tine (Afrika Jom Center), les incitant à se pencher sur le sujet.
Cheikh Yérim Seck précise.
Seck cite un député : “Je vous fais part des déclarations sans ambiguïté d’un député. Ses propos ont été clairement entendus par tous. Il a même affirmé que Sonko a écrit une lettre au président de la République, sollicitant une protection en raison de menaces subies après la révélation de cette affaire. Ces propos, que je vous rapporte, viennent directement du député ». En réalité, Cheikh Yérim Seck parle du député Matar Diop de Benno Bokk Yakaar lors d’un débat à l’Assemblée nationale le 25 novembre 2023.
Ensuite M. Seck aborde le sujet du journal français le ‘Canard Enchaîné’, “Avant ces déclarations, le journal ‘Canard Enchaîné’, publié le 7 juin, avait déjà abordé le sujet. Pour vous situer, le ‘Canard Enchaîné’ est considéré comme l’un des journaux les mieux informés de France. Il a mentionné Sonko ainsi que l’argent en provenance du Qatar, détaillant l’affaire minutieusement. Ce sujet a été largement diffusé et entendu par les Sénégalais, sans que personne le commente”.
Pour finir, Cheikh Yérim Seck en rajoute une couche en faisant des précisions sur la somme exacte que Sonko aurait reçue : “Le député a apporté des précisions supplémentaires à cette histoire. À mon tour, je vais ajouter d’autres informations : l’argent dont on parle vient du Qatar et s’élève à 20 millions de dollars.”
Analyse de l’article du ‘Canard Enchaîné’:
Un examen minutieux de l’article controversé du ‘Canard Enchaîné’, daté du 7 juin 2023, révèle une distinction cruciale : bien que le débat politique sénégalais se soit enflammé autour d’Ousmane Sonko et de prétendus financements qataris, l’article du ‘Canard Enchaîné’ révèle que bien que l’article mentionne Sonko et des fonds en provenance du Qatar, il n’accuse pas directement Sonko de recevoir cet argent. Il évoque plutôt l’appui des Mourides, obtenus grâce à l’argent du Qatar, via les Frères musulmans.
L’extrait de l’article du ‘Canard Enchaîné’ :
“L’opposant, qui se réclame de l’islam (local) mouride, est également partisan de la peine de mort et de la « criminalisation » de l’homosexualité.”
“Ce qui, entre autres, lui vaut l’appui des Frères musulmans. En mars 2021, après une première arrestation de Sonko, le leader « Frériste » égyptien Saber Mashhour appelait à le soutenir sans réserve. « L’argent du Qatar (principal bailleur de fonds des frères) inonde le Sénégal pour convaincre les mourides de soutenir Ousmane Sonko », souligne un diplomate marocain, alors que plusieurs sources françaises susurrent la même analyse.”
La partie la plus significative de l’article concerne le supposé flux financier du Qatar vers les Mourides. Un diplomate marocain est cité, indiquant que ces fonds cherchent à encourager le soutien des Mourides à Sonko.
Les discussions suscitées par l’article du ‘Canard Enchaîné’ au Sénégal semblent reposer sur une interprétation qui va au-delà des affirmations directes du journal. Bien que l’article mette en évidence des questions importantes concernant l’influence religieuse et étrangère dans la politique sénégalaise, il ne fournit pas de preuves concrètes d’une implication financière directe d’Ousmane Sonko avec le Qatar. Cette distinction est essentielle pour comprendre le débat actuel et pour évaluer de manière équilibrée les allégations portées dans l’espace public.