A notre candidat Amadou Ba : Les leçons d’un congrès .Par Abdou Fall*
A notre candidat Amadou Ba : Les leçons d'un congrès .Par Abdou Fall*
Le jeudi 21 Décembre 2023 s’est tenu le congrès d’investiture de Monsieur Amadou Ba par son parti , l’alliance pour la République , comme candidat de la majorité à l’élection présidentielle du 24 février de l’année prochaine.
Une belle mobilisation comme le parti sait si bien le faire , de la bonne animation et de l’enthousiasme.
Autre fait marquant du congrès, la consécration encore une fois du Président Macky Sall à la tête du parti .
Cas de figure unique dans son genre dans l’histoire politique du Sénégal.
Je suis de ceux qui pensent que le parti Apr dont je suis membre depuis dix ans et la coalition Bennoo auraient tort de tenir ce moment du congrès d’investiture comme une formalité politico-administrative de validation d’une candidature .
Ce congrès marque à mes yeux un tournant majeur dans la vie politique du pays.
En posant l’acte historique de renoncement volontaire à sa candidature pour la présidentielle de 2024 , le President Macky ouvre objectivement une nouvelle perspective de haute portée politique .
C’est là en effet un acte fondateur d’une reconfiguration objective des rapports politiques entre parties prenantes de la majorité dans notre pays.
Notre camarade Amadou Ba sera le premier candidat à la Présidentielle au Sénégal , candidat de la majorité, sans être le chef politique du parti et de la coalition qui portent sa candidature.
Le président sortant Macky Sall reste le chef incontesté de son parti dont il est le fondateur avec ses compagnons politiques de toujours. Il reste en même temps le leader incontesté de la coalition Bennoo et de la grande majorité présidentielle qui sont des produits authentiques du leadership fédérateur marqueur de son génie politique.
Le candidat Amadou Ba dont on fera tout pour le triomphe de sa candidature le soir du 24 février prochain fait déjà face à ce défi majeur de mise en cohérence d’une démarche de candidat en campagne combinée avec l’obligation de faire corps avec des leaders et des appareils politiques dont la mobilisation et l’engagement sur le terrain seront décisifs pour la garantie d’une victoire avec panache ; victoire certes largement à la portée du camp majoritaire mais qui appelle le préalable d’ajustements majeurs pour obtenir l’optimum du potentiel de mobilisation de tous à travers le pays.
Le rôle du Président Macky Sall sera naturellement déterminant dans cet exercice . Mais les engagements politiques et programmatiques du candidat seront tout autant décisifs dans cette perspective.
Il convient de toujours garder à l’esprit que nous vivons le temps du Sénégal qui vit aussi le temps du monde.
Et les partis et hommes politiques auront manqué à leurs missions s’ils n’intègrent pas les mutations profondes caractéristiques de nos sociétés mondialisées où les enjeux de gouvernance, de démocratie et de progrès économiques et sociaux se posent en des termes jamais connus dans le passé .
C’est de ce point de vue que les missions « d’intellectuels collectifs » des partis doivent aller de paire avec leurs missions traditionnelles d’organes de collecte de suffrages citoyens.
Notre devoir de soutien de notre candidat, pour être efficace, devra tout autant prendre en charge les débats de fond sur lesquels des réponses pertinentes sont attendues ; et par les militants ; et par les citoyens qui réclament de plus en plus le « droit de savoir »
Sous ce rapport , je suis de ceux qui pensent que notre majorité aurait tort d’occulter aujourd’hui les débats de fond sur certaines réformes , notamment dans notre système democratique .
Notre candidat, une fois élu, sera le premier Président de la République du Sénégal à devoir gérer l’expérience d’un chef de l’exécutif non pourvu du statut de chef du parti et de la coalition à laquelle il appartient.
Ce sujet est reccurent dans les instances du dialogue politique depuis plusieurs années.
A quel moment devra t il être pris en charge dans nos rangs de façon effective ?
La réponse à cette question sera déterminante dans les projections sur les contours du cadre de gouvernance de notre futur politique.
C’est en abordant de front ces sujets qui pourraient » fâcher » que le terrain serait le mieux balisé pour lever en amont des ambiguïtés qui pourraient se révéler paralysantes .
Le congrès est un moment fort pour lancer la machine du parti à côté d’alliés tout aussi engagés et motivés . Les débats de programme restent à suivre pour bâtir les consensus dans nos rangs , sécuriser les positions et répondre aux aspirations et attentes citoyennes en matière de gouvernance rénovée.
Dans un contexte de crise profonde de l’état post colonial en Afrique francophone, le Sénégal qui reste parmi les états debout et parmi les principaux pôles de stabilité dans la sous-région et le continent , devra encore une fois se poser en pionnier pour innover sur les grands sujets de gouvernance, comme il l’a toujours fait dans le passé.
Sur la séparation définitive des fonctions de chef de l’état et de chef de parti , notre candidat devrait pouvoir s’engager .
Même chose sur le statut du chef de l’opposition. Il est temps de vider définitivement ce débat. Le pays est aujourd’hui mûr pour aller plus loin dans l’ancrage du modèle de démocratie inclusive et participative que le président Macky sall a institutionnalisé à travers le dialogue national.
Le candidat Amadou Ba trouve là un socle sur lequel de beaux engagements sont possibles pour davantage ancrer la démocratie de compromis dans les rangs de la majorité plurielle qui nous gouverne et dans les rapports avec l’opposition républicaine que le pays se choisira demain.
La gouvernance Amadou Ba , pour prospérer, se fera dans le prolongement et l’approfondissement de la pratique de la consultation et de la concertation que le président Macky Sall a déjà élevée en mode privilégié de gouvernance de sa majorité et du pays. C est sur la base de ce référentiel qu’en accord avec le parti et la large coalition , et sous l’autorité du Président Macky Sall qui en est le leader incontesté , que le candidat Amadou Ba devrait négocier , avec réalisme , les éléments de compromis vers une gouvernance inclusive , principal gage de sécurité et de stabilité pour la majorité et au delà , pour le pays .
Au regard de son parcours et des conditions et circonstances historiques d’affirmation de son leadership, le candidat de la majorité a aujourd’hui tous les atouts en main pour aller vers les réformes de fond qui répondent aux profondes aspirations citoyennes pour des modes de gouvernance de type nouveau qui éloignent le pays d’un hyper présidentialisme qui n’est plus de saison .
Le Président Macky Sall lui en a donné les chances et les atouts . A lui de jouer en allant résolument dans le sens de l’histoire. Il lui appartient en sa qualité de candidat choisi d’aller vers ceux qui ont investi leur confiance en lui pour soulever les débats sur tous les sujets à enjeux en matière de gouvernance et de développement pour le Sénégal du futur . Nous avons certes de grands atouts en main pour réussir le saut du basculement irréversible dans la voie de l’emergence ; Mais ayons en mêm temps l’humilité , la lucidité et la sagesse d’accepter nos points de faiblesse à corriger . Je reste pour ma part convaincu que plus notre candidat se place dans la perspective d’un pouvoir partagé selon des modalités qui sauvegardent l’autorité de l’état et du chef de l’état , plus notre candidat multiplie ses chances de conquête et d’exercice du pouvoir dans la paix et la stabilité.
En toute amitié Amadou .
*Ancien Ministre d’état
Membre du Secrétariat exécutif national de l’alliance pour la République (Apr)