Iran-Israël : Une crise au-delà du Moyen-Orient…Quels impacts pour l’Afrique ? .Par Léna Sene*
Léna Sène analyse dans une contribution sur les impacts pour l'Afrique du conflit entre Iran et Israël

La contribution de Léna Sène
Les analyses qui minimisent l’impact de ce conflit sur le continent africain négligent souvent des réalités stratégiques et économiques fondamentales.
Si le conflit s’intensifie et entraîne une confrontation directe entre l’Iran, Israël et les États-Unis, l’un des scénarii les plus préoccupants serait la fermeture du détroit d’Ormuz, un passage maritime essentiel par lequel transitent près de 20 % du commerce pétrolier mondial.
Dans ce cas, non seulement l’Iran, mais aussi les grands exportateurs de pétrole du Golfe tels que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar ou le Koweït, ne seraient plus en mesure d’exporter leur pétrole. Cela pourrait faire grimper le prix du baril au-delà des 200 dollars.
Or, de nombreux pays africains- en tant que importateurs nets d’énergie et de produits pétroliers-seraient parmi les plus durement touchés. Contrairement à l’Europe ou à la Chine, la plupart des États africains ne disposent pas de réserves stratégiques de pétrole ou de gaz. Cela signifie qu’ils ne pourraient résister que quelques semaines à une perturbation des approvisionnements.
Par ailleurs, l’inflation structurelle qui affecte déjà de nombreuses économies africaines connaîtrait une aggravation dramatique.
« Sur le plan diplomatique, les gouvernements africains se retrouvent dans une position délicate »
De son côté, l’Iran entretient peu de relations structurées avec l’Afrique, mais il pourrait tirer parti de la situation actuelle en mobilisant des discours anti-coloniaux et anti-occidentaux, gagnant ainsi en influence idéologique et par le biais du soft power, notamment dans des pays comme le Senegal, la Côte d’Ivoire, le Rwanda, l’Afrique du Sud et autres.
En résumé, il ne s’agit pas d’un conflit régional isolé. L’Afrique, en raison de ses vulnérabilités économiques, de sa dépendance aux importations et de la fragilité de certains régimes politiques, risque de devenir l’une des premières victimes collatérales d’une escalade au Moyen-Orient.
Il est donc essentiel que les institutions internationales, dont l’Union Africaine et les gouvernements africains engagent dès maintenant une planification proactive, sur les plans économique, diplomatique et social, pour limiter l’impact de cette crise et protéger les populations africaines contre les effets secondaires dévastateurs d’une guerre lointaine mais aux conséquences profondes.