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Non à l’hérésie du CFA. Oui à la réforme du système .Par Dr Ahmed Khalifa Niasse

Ahmed Khalifa Niasse évoque encore la question du CFA, la monnaie que le Sénégal partage avec plusieurs pays d'Afrique

Ahmed Khalifa Niasse a partagé une nouvelle contribution sur la monnaie titrée « Non à l’hérésie du CFA. Oui à la réforme du système. Nous vous partageons ci-dessous l’intégralité du texte.

J’ai eu à écrire sur la question en 1991 dans les colonnes du SOLEIL. En son temps j’ai défendu l’idée de créer une monnaie nationale à l’instar de certains pays limitrophes. Comme la Guinée, la Mauritanie, le Cap Vert, la Gambie. C’était aussi le cas, juste avant, pour le Mali et la Guinée Bissau. Nous étions un ilot de prospérité dans un océan de misère. Expression consacrée par l’Ecole de Commerce. Cependant beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis maintenant trente cinq ans .

La tendance mondiale dirigée par le libero monétaire prône la monnétarisation mondialiste. Déjà sur le plan mondiale une seule monnaie existe. C’est le Dollar. Toutes les autres monnaies, y compris l’Euro, le Franc Suisse, le Dollar Canadien, Australien, le Yen, la Rouble, la Roupie Indienne ne sont que les reflets de cette monnaie unique.

Si aujourd’hui vous achetez un bien en Europe il vous est facturé en Euro mais après qu’on a calculé son taux du jour par rapport au Dollar. Parce que si entre temps les camps ont trop bougé votre fournisseur sera alors obligé de vous réajuster par rapport au coût des intrants qui lui sont facturés en Dollar. Donc l’Euro n’existe pas. Le CFA non plus. En tout cas par rapport à l’extérieur.

Cependant le très mauvais CFA nous est parvenu par la colonisation et nous a été imposé. Il nous est arrivé à un moment où on ne s’en souciait pas. Aujourd’hui il y a une dématérialisation de la monnaie alors que dans le terroir on ne veut point s’éloigner de ce qui se trouve dans la poche. Dans quatre-vingt cinq pour cent des contrées sénégalaises personne n’accepterait un chèque. Encore moins une carte de crédit.

Aujourd’hui la tendance est une monnaie qu’on appelle le bit coin. Cette monnaie est mondiale, internationale. Elle est le futur monétaire et elle monte en flèche. C’est un nouveau paradis fiscal béni et légalisé par les grandes firmes monétaires.

Ce serait vraiment une hérésie de ramer à contre courant pour ce petit Sénégal. Qui, sur le plan de la population, ne fait pas un quartier de Bombay, de Delhi, de Calcutta, de Pékin ou de Shanghai.

Pour ceux qui ne le savent pas la population du Sénégal est estimée à dix-huit millions. C’est-à-dire moins que les habitants vivants des cimetières du Caire qui sont estimés à vingt deux millions. De manière constante les meilleurs résultats scolaires sont issus de cette population Cairote.

Nous avons une bonne économie, mais c’est une économie renversée

Nous avons une bonne économie, mais c’est une économie renversée. Parce la superficie de notre pays fait prés de deux cent mille kilomètres carrés. Du nord au sud, sur à peu près sept cents kilomètres, nous avons cinq fleuves d’eau douce. Le Sénégal, le Saloum, la Gambie, la Gambie, la Casamance et la Falémé( une rivière plus grande que le Jourdain). Ces fleuves sont séparés entre eux de cent kilomètres environ.

Si on les fédérait ils pourraient générer trois autres grands fleuves artificiels ceux-là. C’est à dire des canaux à l’instar du Canal de Midi. Ce qui nous aurait fait sept à huit fleuves en plus de l’océan. C’est assez pour faire vivre aisément la population de l’Inde estimée à un milliard quatre cents millions d’âmes.

Nous ne sommes que peu de fourmis dans une grande maison. Nous avons une grande superficie et beaucoup d’eau. Mais nous n’utilisons pas cette eau à hauteur d’un pour cent de sa potentialité agricole. Sans oublier les autres possibilités qu’elle peut opérer. C’est l’image d’une personne qui traverse le fleuve en portant une jarre remplie d’eau alors qu’elle meurt de soif.

Là où je suis d’accord avec celui que j’appelle  » mon fils », Ousmane Sonko c’est par rapport aux gadgets économiques qui nous sont apportés pas les Institutions Internationales. Alors qu’on n’ose pas les proposer à la Belgique, aux Pays-Bas ou même au petit Luxembourg. Encore moins au minuscule Monaco. Pourquoi Monaco qui fait moins que le quartier de Fass où j’habite est plusieurs fois plus prospère que le Sénégal ?

L’affaire n’est pas dans le véhicule mais dans la conduite. La mauvaise conduite fait que le véhicule neuf est accidenté et que le conducteur et les passagers ont tous subi des dommages corporels. Le Sénégal n’est pas pauvre. Parce que rien que le chiffre d’affaires annuel des Libanos est supérieur à celui réalisé par les hommes d’affaires sénégalais sur l’arachide. Je dis Libanos parce que le Liban ne reconnait pas les nationalités acquises ailleurs par ses citoyens.

La justice Sénégalaise ne peut pas disposer d’un Libano coupable dont l’arrière grand parent est né au Sénégal s’il rentre au Liban. Et les Libanos (qui font environ vingt mille) gagnent plus que les dix-huit millions de Sénégalais dont quatre-vingt pour cent sont dans l’agriculture. On ne me dira pas que c’est par la sueur de leur front. Mais c’est parce qu’il y a un système mafieux mâtiné par la corruption tous azimuts qui fait qu’ils détournent tout ce que les Sénégalais produisent pour en bénéficier.

Le Sénégalais vend aujourd’hui son arachide au vingtième du prix avant mille neuf cent soixante. Hier cent kilos d’arachide pouvaient acheter sept cent kilos de riz. Aujourd’hui cent kilos d’arachide peuvent à peine acheter cinquante kilo de riz.

Nous devons orienter notre agriculture sur trois produits principaux

Il est clair que maintenant nous devons orienter notre agriculture sur trois produits principaux. Il est possible d’avoir des produits qui seront achetés un million CFA la tonne à l’agriculteur. Même si toutes les terres du Sénégal ne seront pas aptes pour ce faire cela pourra occuper un million de Sénégalais. D’autres productions seront achetées au producteur à un million le quintal Cela pourrait occuper deux millions d’agriculteurs. Une dernière production à un million la tonne pourra occuper quatre millions d’agriculteurs.

C’est déjà sept millions de Sénégalais qui pourront être prospères directement. Indirectement cela pourra aisément faire vivre trente cinq à quarante millions de personnes qui constitueront la classe intermédiaire. Cela fait aussi deux fois le nombre d’habitants du Sénégal.

À partir de ce moment c’est la sous-région qui en profitera comme jadis. Les Burkinabé venaient à vélo. Il y avait les Maliens, les Guinéens et les autres.

La Casamance dont le sol est fertile et suffisamment arrosée pour répondre aux besoins en agriculture a vu ses fils migrer vers le nord. Parce que c’est là bas où se trouvait la prospérité.

Donc si nous voulons d’un Sénégal prospère qui ne verra plus ses fils émigrer nous devons visiter les bonnes solutions.

Il y a quarante ans tout Sénégalais pouvait aller en France, en Italie avec seulement son passeport. Quelques fois même avec un permis de conduire ou une carte d’identité. Mais aucun Sénégalais, alors, ne voulait émigrer.

L’émigration n’est pas venue de la prospérité de l’Europe mais de la paupérisation des Sénégalais. Je donne ces solutions à notre Diomaye national, bien que jeune nouveau père de la nation, et à son Premier ministre qui essaye de briller et de faire briller le Sénégal par beaucoup de paroles dites avec beaucoup de fracas. Mais qui nous laissent sur notre faim.

Si vous voulez des idées qui peuvent transformer le Sénégal et l’amener vers la grande prospérité voilà gratuitement ma contribution.

Dr Ahmed Khalifa Niasse

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