Thiaroye 44 : un lieu de mémoire pour l’Humanité .Par Mamadou Kassé*

Thiaroye 44 : un lieu de mémoire pour l’Humanité est le titre d’une contribution signée par Mamadou Kassé, journaliste et formateur. Il se prononce dans le sillage de la commémoration du 81e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais, ce lundi 01 décembre.

Mamadou Kassé sur Thiaroye 44

Thiaroye 44 constitue, par sa gravité, la charge émotionnelle qu’elle charrie, le parachèvement d’un crime contre l’humanité. Cet événement historique doit être commémoré comme un hommage poignant à la mémoire des victimes de ce massacre tragique.

Un fait qui symbolise la souffrance et la résistance des Africains face à l’oppression coloniale et met en lumière les liens entre l’esclavage transatlantique, la colonisation et les atrocités commises contre les tirailleurs sénégalais en 1944.

Le massacre de Thiaroye est un exemple de la violence et de l’injustice infligées aux Africains par les puissances coloniales. Les tirailleurs sénégalais, qui ont combattu pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, ont été victimes de leur propre allié, qui les a trahis et massacrés pour avoir réclamé leurs droits. Thiaroye 44 est un symbole de la résistance africaine face à l’oppression et à l’injustice. Il est important de préserver la mémoire de cet événement pour que les générations futures comprennent l’importance de la lutte pour la liberté et la dignité.

L’histoire de Thiaroye 44 commence avec l’esclavage et le transfert de millions de noirs vers l’Amérique. Cet épisode fait suite à l’entreprise de déportation des noirs par une Europe en proie à l’expantionnisme que lui offre la possession de moyens de conquête. Inspirés par l’esclavage transsaharien qui vit des millions de noirs tomber entre les mains des Arabes, les Européens se sont rués sur l’Afrique comme une meute sur sa proie.

L’esclavage transatlantique, de loin le plus dramatique, laissera des traces indélébiles à l’humanité non seulement à cause du transfert des noirs mais aussi et surtout de leur perte d’identité.

Les esclavagistes ont tout entrepris pour gommer l’identité des noirs en effaçant leurs noms d’origine. Ce qui les coupait radicalement de leur attachement à l’Afrique. Donc Thiaroye 44 est la suite logique de ce drame et de ceux qui l’ont suivi à travers les guerres entreprises par la France et qui ont impliqué les soltats africains, notamment les tirailleurs. Lesquels étaient toujours en première lignes dans les conquêtes françaises et servaient de chair à canon.

Combien étaient-ils à mourir pour la France ? Combien étaient-ils à partir au front dans des conditions insupportables, voire inhumaines, souvent sous le froid et la neige, bravant toutes les intempéries? Thiaroye 44 est donc le parachèvement de cette entreprise génocidaire ou le noir a servi à tous les supplices: nuits sans sommeil, journées cauchemardesques, voyages insupportables à travers les forêts africaines où bêtes sauvages et obstacles infranchissables ont eu leurs lots de victimes.

Thiaroye 44 est la fin d’un cauchemar et le début d’une nouvelle page pour l’Afrique avec le sang des martyrs tués par le colon qui, en lieu et place d’une reconnaissance des tirailleurs pour service rendu à la France, a retourné les fusils et canons contre ceux qui les ont libérés de l’Allemagne nazie.

VERITE- JUSTICE- RECONCILIATION-PAIX ! Voilà la France dans son ingratitude, son manque de reconnaissance, sa cupidité envers l’Afrique. Thiaroye 44 est aujourd’hui une sépulture, un lieu de mémoire, l’épicentre d’un drame que l’humanité entière veut garder à l’esprit pour en faire le symbole d’une Afrique résiliente et renaissance.

Il est temps pour la France et l’humanité entière de reconnaître officiellement les crimes commis à Thiaroye et de prendre des mesures pour une vérité et une justice, conditions d’une réconciliation acceptée et d’une paix durable. La reconnaissance et la réparation sont, en effet, essentielles pour guérir les blessures du passé et promouvoir la réconciliation et la coopération entre les peuples.

*Journaliste