Voile à l’école : Abbé André Latyr Ndiaye réplique à Sonko
Voile à l'école : Abbé André Latyr Ndiaye réplique à Sonko
Voile à l’école : Abbé André Latyr Ndiaye a apporté une réplique au Premier ministre Ousmane Sonko, auteur d’une sortie fortement commenté, en marge de la remise des prix du Concours Général.
Le religieux, signant par « membre du Clergé Catholique » n’y est pas allé par le dos de la cuillère contre le chef de gouvernement dans son texte titré « LETTRE OUVERTE ET CONSEILS À UN JEUNE POLITICIEN NOUVELLEMENT PROMU À UN HAUT POSTE DE RESPONSABILITÉ ». Nous reproduisons la missive en intégralité ci-dessous.
Mon cher jeune politicien nouvellement promu,
Les Latins disaient : « Qui bene amat, bene castigat » : qui aime bien, châtie bien ! »
« La politesse est l’apanage, le langage des rois et des princes. Elle est une clef en or qui ouvre toutes les portes » (proverbe tunisien)
« Soyez polis, écrivez diplomatiquement, parlez poliment. Même une déclaration de guerre doit observer les règles de la politesse » (Otto von Bismarck)
Satan ne me fait pas peur. Pourquoi aurai-je peur d’un voile ! L’école privée catholique éduque au respect de l’autre, à l’amour, à la paix, à l’ouverture d’esprit. Pourquoi et comment aurait-elle peur d’un voile ?
Mon cher jeune politicien, tout nouvellement promu, Je viens tremper ma plume dans l’encre de ma citoyenneté sénégalaise, dans l’encre de l’éthique du « Jub, Jubal, Jubanti », dans l’encre de mon éducation familiale et surtout dans l’encre épaisse et non diluée de ma foi inébranlable en Jésus Christ mort et ressuscité, le Souverain des rois de la terre, pour apporter mon point de vue et surtout pour des conseils si toutefois vous daignez bien les accepter !
« ON N’ACCEPTERA PLUS L’INTERDICTION DU VOILE DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES ! »
Dans la salle du Grand Théâtre de Dakar où l’excellence était fêtée avec gravité, solennité et magnanimité, ces paroles ont résonné au dehors, dans l’espace public, comme des grondements de tonnerre. À l’évidence, nous n’avons pas besoin d’être des « salitigués » pour savoir et décoder qu’un orage se prépare à l’horizon, dans le ciel de la rentrée scolaire prochaine 2024-2025.
Ces propos sont-ils des menaces ou une déclaration de guerre ? Je ne saurais répondre. Seul vous, qui êtes l’auteur de ces propos, pouvez répondre.
J’ose seulement espérer, pour ma part, que ce n’est pas là le résumé ou la synthèse du Projet ou de la Déclaration de Politique Générale que tout le monde attend comme le retour de Godot !
« La politesse est la grâce de l’esprit » (Henri Bergson). Quand on s’adresse à une institution ou à une minorité, fut-elle négligeable, insignifiante, dérisoire pour certains religieux pharisiens, la politesse et le respect doivent être de mise.
Un langage contient non seulement une forme d’éducation, de culture, mais aussi des éléments constitutifs d’une société : gestion des émotions et code de politesse.
« La politesse coûte peu et achète tout » selon Michel Montaigne.
« Soyez polis. Écrivez diplomatiquement, parlez poliment. Même une déclaration de guerre doit observer les règles de la politesse » (Otto von Bismarck)
L’ÉCOLE PRIVÉE CATHOLIQUE EST POLIE : ELLE FORME ET PRODUIT POUR LA SOCIÉTÉ SÉNÉGALAISE ET POUR LE MONDE ENTIER DES CADRES, DES ÉLITES TRÈS POLIES ET TRÈS CULTIVÉES ! VOUS EN AVEZ LA PREUVE AU QUOTIDIEN : VOTRE BINÔME ET CERTAINS DE VOS MINISTRES OU DIRECTEURS GÉNÉRAUX !
L’ÉCOLE PRIVÉE CATHOLIQUE, COMME TOUTES LES AUTRES ÉCOLES PRIVÉES, EST UNE INSTITUTION. ON NE TANCE PAS UNE INSTITUTION EN PUBLIC ; ON NE PARLE PAS À UNE INSTITUTION SUR LE TON DE LA MENACE ! ALLEZ APPRENDRE CE QUE SIGNIFIE DIALOGUER AVEC LES INSTITUTIONS !
Mon cher jeune politicien nouvellement promu !
Un jour et un lieu de célébration de l’Excellence et du Savoir, tel que le Concours général, ne devraient pas servir de prétexte pour faire une pareille déclaration, comme si on voulait déverser une bile longtemps accumulée dans son ventre.
Il y a un temps et un lieu pour tout, dit Qohelet dans la Bible : un temps pour rire, un temps pour pleurer, un temps pour chanter, pour festoyer, un temps pour fulminer, un temps pour faire des déclarations intempestives, etc.
L’orthographe, la grammaire et la conjugaison sont aussi une sorte de politesse.
Notre maître au CM2 nous avait demandé d’utiliser rarement « On » : pronom personnel indéfini (qui qualifie celui qui l’emploie). Pourquoi n’avoir pas dit « je », vous dont le courage est légendaire ? Pourquoi subitement se cacher derrière « on » ?
La politique est une affaire aussi de politesse, de sagesse, de courage, de prudence et d’audace, d’élégance et non d’arrogance ni d’inelegance, de précipitation. La politesse est comme le zéro, qui sans avoir de la valeur en soi, en ajoute à toutes les autres.
L’ÉGLISE N’A PAS PEUR DU VOILE ! LE VOILE FAIT PARTIE DE SON PATRIMOINE, DE SA LITURGIE, DE SA PARAMENTIQUE (de son habillement). ELLE A CONNU LE VOILE, IL Y A DE CELA PLUS DE 2000 ANS, BIEN AVANT BEAUCOUP DE RELIGIONS (cf première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens : 1Cor 11, 2-16)
Je fais partie des 2 milliards et quelques des disciples de Jésus Christ crucifié sur une croix, mort et ressuscité, et non un disciple d’un Jésus Christ qu’on aurait échangé avant la crucifixion avec un autre. Ce Jésus Christ n’est pas le mien. Je ne crois pas en un fuyard qui aurait échappé à la souffrance et à la mort.
Jésus Christ nous a vaccinés contre la peur. Tous les jours de l’année, 365 fois dans la Bible, il nous dit : « N’ayez pas peur ». « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurai-je crainte » chante le psalmiste.
Satan ne nous fait pas peur, pourquoi aurions-nous peur d’un voile ?
Mon cher jeune politicien, nouvellement promu ! La politique, c’est l’art de gouverner la cité, l’art de savoir parler aux gens « ci njek ak Terranga ».
Vous vous targuez bien d’être un panafricaniste ! Un vrai panafricaniste n’ignore pas et ne foule pas aux pieds l’art oratoire, les règles et les vertus du dialogue sous l’arbre à palabre. Les grands sujets et les sujets sensibles se traitent sous l’arbre à palabre entre autorités et sages du village et non sur la place publique.
Mon cher jeune politicien nouvellement promu ! Sortez de votre bulle d’opposant, sortez maintenant du « Gatsa-Gatsa », riez, détendez-vous, éclatez-vous, libérez-vous de votre scaphandre d’opposant. Marchez librement comme le jeune David et non en « Dandy » en guerrier comme Goliath suffocant et étouffant dans son armure de guerre en bronze ! La guerre est finie, une autre commence : la bataille contre la vie chère, contre le chômage, la pauvreté, etc.
Mon cher jeune politicien nouvellement promu, NE VOUS TROMPEZ PAS DE COMBAT ! LE COMBAT POLITIQUE N’EST PAS LE COMBAT DE DIEU NI LE COMBAT POUR DIEU !
Arrêtons de prendre Dieu comme un éternel mineur, qui compterait sur nos forces pour brandir partout son étendard et engager son combat et ses guerres sur tous les terrains du monde.
Le bras du Seigneur est puissant, qui redonne vie ! Dieu n’a pas besoin de notre force de fourmi ! Nos chants de rossignol et notre force de fourmi n’ajoutent rien à ce qu’il est !
Vous avez été élu pour le combat contre la vie chère, contre la pauvreté, contre le chômage des jeunes mais pas pour le combat pour Dieu, le combat pour un signe religieux !
Dieu est Dieu ! Et n’importe qui ne peut pas s’improviser pour être son Général de guerre, constituer son État-Major, encore moins former ses troupes ou sa milice.
Dieu est Dieu ! Aucune des trois religions révélées et monothéistes ne peut le contenir, ni prétendre défendre sa cause.
Il faut une probité morale et une idonéité pour mener les combats religieux et moraux.
Certaines langues, certaines mains et certains pantalons sont disqualifiés pour mener les combats de Dieu, les combats pour les symboles religieux.
Que d’autres mènent ce combat du voile et Dieu, qui voit tout, saura reconnaître les siens.
« Ces hommes m’honorent des lèvres, mais leurs cœurs sont loin de moi » dit Dieu à travers le prophète Isaïe.
Mon cher jeune politicien récemment promu ! « Qui bene amat, bene castigat ! » : « qui aime bien, châtie bien ! »
Cela fait partie du « Jub, Jubal, Jubanti ! »
« Fabricando fit faber ! C’est en forgeant qu’on devient forgeron ! »
Évitez la vitesse et la précipitation, les déclarations va-t-en-guerre. C’est encore un conseil !
Changez votre rhétorique de guerre sinon elle risque de vous perdre !
Le roi de Babylone : Nabuchodonosor a vu en plein festin, un doigt géant écrire sur le mur : « MÉNÉ TÉKÉ OU PHARSI ! »
Allez comprendre ce que ces mots signifient.
Abbé André Latyr NDIAYE
Membre du Clergé Catholique